Histoire de l'or dans la décoration

Panorama des usages décoratifs de l’or

Introduction – Qu’est-ce que l’or ?

Tour à tour associé au sacré, au divin, à des pouvoirs surnaturels et même à l’immortalité, l’or est reconnu depuis les temps anciens comme un matériau noble. La plupart des civilisations en ont nourri la fonction symbolique, en ont fait une valeur monétaire et lui on même parfois voué un culte.

Propriétés

C’est sans doute parce que l’or pur est inaltérable qu’il a acquis la valeur à la fois symbolique et monétaire qu’on lui prête aujourd’hui. Mais l’or est avant tout un métal inscrit au tableau périodique des éléments, entre le platine et le mercure, sous l’appellation 79AU. Ses principales caractéristiques sont la malléabilité et la résistance à la corrosion, qui en permet simultanément une manufacture facile et une durabilité importante. Sa ductilité est telle qu’un gramme d’or permet de faire un fil de deux kilomètres, tandis que 10 grammes d’or suffisent à produire une feuille d’or de 10m2. C’est justement parce que l’or est facile à travailler et qu’il se trouve dans la nature qu’il a été le premier métal à être travaillé par la main de l’homme.

Gisements et exploitation

Dans la nature, l’or se manifeste sous plusieurs aspects. On peut le trouver sous forme minérale, appelée filon d’or dans les sous-sols rocheux ou sous forme de poussière dans les lits des rivières.

Filon d’or

On le trouve aussi sous forme de pépites plus ou moins grandes, de forme polymorphe et irrégulière lorsqu’elle est trouvée sous terre ou plus rondoïde lorsqu’elle est trouvée dans l’eau. La teneur d’or varie en fonction de la géologie du terrain : la moyenne, dans la croûte terrestre, est estimée à 6 000 tonnes d’or pour 1 000 kilomètres cubes.

 

Il existe dès lors deux méthodes d’extraction. Les prospecteurs s’établissent sur des terrains riches en minerai d’or et y font creuser des mines parfois très vastes. Avec les méthodes mécaniques modernes, les mines ont pris une véritable allure de carrières.

 

Ils y trouvent des minéraux incrustés de particules d’or qu’ils séparent selon plusieurs méthodes chimiques (au cyanure, au mercure, etc.). Cette exploitation à grande échelle permet une extraction relativement massive. L’orpaillage, qui est la deuxième méthode, nécessite davantage de patience et se pratique en plein air dans les lits des rivières. À l’aide d’un battée (une sorte de saladier gradué), l’orpailleur recueille les alluvions d’un cours d’eau et les trie pour en extraire la poussière d’or – et parfois, la pépite qui s’y cache.

 

Poussière d'or

Cette méthode, qui est aussi un sport aujourd’hui très couru, est pratiquée autant par des professionnels que par des amateurs. Il faut cependant beaucoup de chance pour tomber sur une pépite, et plus encore pour en dénicher une grande. En effet, la plupart des pépites pèsent quelques grammes seulement. En Suisse, la plus grande pépite découverte pèse un peu plus de 120 grammes, alors que la plus grande au monde, découverte en 1980, pèse 27,2 kilogrammes.

 

Applications

L’or comme valeur de monnaie est une tradition qui remonte à l’Antiquité et plus particulièrement à la Lydie. Il reste aujourd’hui lié à la valeur que les civilisations ont accordée à ce métal : fondu en lingots d’un kilo, il est stocké comme valeur de réserve dans les milieux de la banque. Il est très prisé notamment en période de crise où il est utilisé comme valeur refuge.

Lingot d'or d'un kilo

 

L’or trouve aussi dans l’industrie moderne certaines applications spécifiques. L’or étant bien toléré par l’organisme humain, il est devenu une matière importante en odontologie (dents en or, plombages, couronnes). Son taux de biocompatibilité est tel qu’il est également utilisé en médecine ; on le retrouve dans la fabrication des pacemakers et sert à traiter le rhumatoïde. En électronique, grâce à sa bonne conductivité et à son inaltérabilité, il est devenu indispensable à la fiabilité de l’informatique. Il est utilisé, par exemple, comme connecteur dans les prises numériques (USB, VGA, etc.) et au cœur du processeur. Un ordinateur portable comporte en moyenne 0,2 gramme d’or.

Mais l’or – symbole de richesse et de pouvoir – a également investi une place de choix dans les domaines de l’art, de la décoration, de l’horlogerie, de la bijouterie et des produits de luxe, et cela depuis l’Antiquité. C’est dans cette tradition que s’inscrivent les produits de DeLafée International.

 

Première partie – L'or et les temps anciens

 

L’or et la religion entretiennent depuis la nuit des temps un lien symbolique. Bien des civilisations, qui pourtant n’avaient pas de commerce ou d’échange entre elles, ont adopté l’or comme symbole de la divinité. Deux propriétés de ce métal expliquent ce phénomène : sa couleur jaune et son rayonnement lumineux rappellent le soleil, tandis que son inaltérabilité en fait une incarnation de l’immortalité. Il n’est dès lors pas étonnant d’observer que l’exploitation de l’or dans les civilisations anciennes est étroitement liée à la pratique d’un culte ou d’un rituel.

 

L'or en Égypte

 

Dans l’Antiquité, les Égyptiens considéraient l’or comme la chair des dieux. Ils utilisaient l’or dans des rituels divinatoires ou funéraires précis, réalisant par exemple des masques funéraires qui devaient fixer l’image du défunt pour l’éternité et l’identifier aux astres. C’est ainsi qu’on a retrouvé dans les tombes de pharaons des quantités colossales d’or pur. Le seul tombeau de Toutankhamon aurait contenu plus d’une tonne d’or, alors qu’il est l’un des moins grands de la Vallée des Rois.

La momie de Toutankhamon était conservée dans plusieurs sarcophages de tailles différentes, qui se contenaient les uns les autres, comme des poupées russes.

Sarcophage de la momie Toutankhamon

Chaque sarcophage est en or massif, gravé et parfois serti de pierres précieuses. Seules les personnes de haut rang social étaient ensevelies dans des sarcophages (et selon la hauteur du rang, le sarcophage est en bois, en pierre, en argent ou en or pour les souverains). Le sarcophage externe de Toutankhamon, en or massif, est incrusté de pierres semi-précieuses et de pâte de verre. Il représente le pharaon dans la posture d’Osiris (bras croisés sur la poitrine, avec ses attributs – spectre et fouet). Rien que le masque d’or, qui est en marque la partie supérieure, est constitué de onze kilogrammes d’or massif.

Masque d'or Toutankhamon

Mais l’or reste dans la civilisation égyptienne très étroitement lié à l’histoire des pharaons et leur lien sacré avec les dieux qui avaient, dans l’imaginaire de l’époque, la peau en or. C’est sans doute à cause de sa symbolique de puissance et de divinité que l’or n’a pas trouvé, dans l’ancienne Égypte, une valeur monétaire. Par contre, tous les gisements connus à l’époque étaient placés sous le monopole de l’État. L’or était soit extrait dans des mines (Ouadi Hammamat, Namibie, Éthiopie, Arabie, Syrie, Mésopotamie, etc.) soit dans les alluvions du Nil. Le papyrus de Turin est à ce titre un document plein d’enseignement car il montre l’emplacement de plus de mille mines d’or et est la plus ancienne carte géologique connue.

 

 

Les égyptiens sont également les premiers à avoir développé tout un savoir faire dans la manufacture de l’or. Certains bas reliefs et peintures murales de tombes de l’Ancien Empire illustrent le processus de fabrication, de la pesée du métal jusqu’à la présentation de l’objet terminé.

 

La consommation de l’or durant cette époque reste, malgré les grandes quantités retrouvées, assez modérée ; elle a été estimée à une tonne d’or par an (contre 1400 tonnes/an chez les Romains).

En plus des masques funéraires, on trouve de petites statues de dieux, qui étaient probablement utilisées lors des cérémonies religieuses, des bijoux, des vases en or pour les offrandes et divers objets mais qui appartenaient à l’État exclusivement.

 

Bijoux égyptiens en or

L’or, en effet, n’était pas utilisé dans la vie quotidienne, ni comme monnaie ni comme matériau. Il est le symbole divin par excellence et une marque de pouvoir spirituel.

 

L'or en Grèce antique

C’est dans l’Antiquité grecque qu’il faut chercher l’origine de l’or monétaire. En effet, les pièces d’or les plus anciennes trouvées à ce jour circulaient en Lydie au VIe siècle avant Jésus-Christ. La richesse proverbiale des dynastes lydiens, qui marquèrent leurs contemporains par leurs offrandes opulentes dans les principaux sanctuaires (Delphes, Éphèse, etc.), est telle que les auteurs anciens (Hérodote, Plutarque) parlent des « créséides » pour désigner les monnaies frappées sous Crésus (561-546 av. J.-C.).

Monnaie en or frapée sous Crésus

Ce dernier est à l’origine également de l’expression « riche comme Crésus » ; l’or qui constitue cette richesse et qui a servi à frapper les monnaies est tiré des résidus alluvionnaires du fleuve Pactole, d’où l’autre expression « toucher le pactole ». Les créséides sont les plus anciennes monnaies connues à ce jour. Si elles ne participent pas réellement à une histoire de l’or décoratif, elles ne sont pas moins fondamentales en ce sens qu’elles initient une tradition monétaire qui se raffinera dans la Rome antique, permettra une large diffusion de l’image et garantira à un empire aussi vaste que celui de César une unité politique impressionnante.

La monnaie des grecs vient s’immiscer également dans les arts funéraires – ou plutôt dans les rituels – puisque l’habitude veux qu’on place une obole dans la bouche du défunt afin de lui permettre de payer Charon, qui conduit la barque pour traverser le Styx et atteindre le monde des morts (les enfers grecs). L’obole est cependant frappée en argent ou en bronze.

Si au cours de l’âge d’or grec (Ve-IIIe siècle av. J.-C.) l’or devient un élément majeur dans les échanges entre communautés et empires, c’est qu’il inspire confiance. Ce fait économique freine considérablement l’usage décoratif et artistique de l’or. On observe durant cette période un usage démocratisé du bijou, en verre, en bronze, en argent ou en or, y compris dans la vie de tous les jours. Les défunts sont enterrés avec leurs bijoux et des ustensiles du quotidien afin qu’ils puissent continuer à « vivre » dans le monde des morts. Les plus importantes personnalités sont ensevelies sous sarcophage dans de vastes tombeaux qui reproduisent l’intérieur de leur maison. C’est dans un tel ensemble de tombes qu’on a retrouvé, en 1876, le fameux masque funéraire d’Agamemnon.

 

En réalité, il s’agit d’une fausse attribution. Le masque fait partie d’un ensemble de cinq pièces et les sépultures mises à jour semblent bien être royales. Il s’agit en réalité d’une tombe de seigneurs Achéens (ancêtres des Grecs) enterrés là au XVIe siècle av. J.-C. Le masque témoigne de la volonté, pendant la phase émergente de la civilisation mycénienne, de mettre en place un rituel funéraire similaire à celui pratiqué pour les pharaons en dotant les monarques d’un visage de substitution qui puisse en perpétuer l’image dans le temps. Mais ce rituel n’a pas été repris par les Grecs.

De telle sorte, le masque d’Agamemnon est une exception dans les pratiques artistiques et funéraires de l’Antiquité grecque, qui marque un premier pas vers une valorisation monétaire de l’or. Il reste cependant étroitement lié au pouvoir, car le contrôle des exploitations minières devient un enjeu majeur pour les empires et la noblesse de famille continue à s’afficher par la possession de parures richement travaillées en or.

 

Rome et l'utilisation de l'or

 

L’Empire romain verra la mise en place de techniques d’exploitation massive des mines d’or. Ainsi, en Espagne, dans la mine de Las Medulas, les Romains, sous l’égide de l’Empereur Auguste, vont réaliser d’importants aqueducs dans les montagnes et exploiter sans relâche les ressources de la région (ils en tireront pas moins de 30 millions d’onces d’or). La santé de l’économie romaine dépend étroitement des découvertes, des exploitations et des tarissements des gisements d’or à travers l’empire. Depuis Jules César, l’or est au centre du système monétaire romain. Les empereurs font frapper des monnaies à leur effigie, ce qui est une révolution capitale dans la gestion d’un empire et va permettre une extension si large.

 

En effet, la reproduction du portrait de l’empereur, qui est perçu comme une incarnation dans l’imaginaire collectif de l’époque, lui permet une sorte d’ubiquité. Il est présent partout, dans la poche de chacun. C’est un acte fondateur de la propagande politique. On voit naître également de petits portraits d’empereurs en or qui semblent avoir circulé dans les différents bâtiments politiques à travers l’empire.

 

De telles effigies ont vraisemblablement été produites en plusieurs exemplaires identiques, comme semble l’indiquer le buste de Marc-Aurèle, de dimensions plus importantes et en or massif lui aussi, conservé à Avenches (Suisse) et dont il existe plusieurs autres exemplaires, dont un conservé en Tunisie.

 

 

De ce fait, les Romains consomment d’importantes quantités d’or (estimées à 1400 tonnes d’or par an), mais n’en font pas un usage décoratif ou artistique majeur. L’usage de l’or dans l’orfèvrerie romaine est largement répandu et les femmes portent quotidiennement des bijoux, en corde, en pierres ou en métal. Bracelets, boucles d’oreilles, pendentifs forment l’essentiel de cette production.

Boucles d’oreilles romaine en or

Même à la cour de l’Empereur, on ne montre pas un intérêt très marqué pour l’or comme élément décoratif. C’est toutefois dans l’Empire romain, à Alexandrie, que va naître une nouvelle technique dans la fabrication du verre, qui mettra l’or à contribution, esthétique cette fois-ci.

Les maîtres verriers d’Alexandrie, ville qui compte les meilleurs fabricants de verre de tout l’Empire romain, vont créer la technique du « verre sandwich or ». Elle consiste à placer, entre deux couches de verre, une feuille d’or gravée qui, selon la manière dont on travaille le verre par la suite, restera en place ou non. Les verriers peuvent ainsi faire des bouteilles, des verres et des vases plus ou moins translucides et décorés de reflets d’or.

 

Les Amériques précolombiennes et l'or

 

L’Amérique latine a connu un usage important de l’or. Pour les civilisations précolombiennes, l’or jouissait d’un très grand prestige mais n’avait cependant pas de valeur marchande. Associé aux divinités solaires, les indigènes considéraient que l’or conservait l’éclat du soleil. De telle sorte que les principales applications de l’or interviennent dans un registre divin et décoratif. Incas, Mayas, Aztèques ou même petites civilisations régionales à travers toutes l’Amérique latine avaient une très grande maîtrise des techniques permettant de travailler l’or. On trouve ainsi, au Mexique, au Costa Rica, au Panama, en Colombie, au Pérou, au Chili, les plus importantes traditions de manufacture aurifère. Parmi elles, les trois civilisations les plus célèbres : aztèque, maya et inca.

Il est cependant très important de garder à l’esprit que ces trois civilisations ne sont pas représentatives d’un ensemble, l’organisation politique des Amériques précolombiennes étant très fragmentée. En effet, chaque civilisation cohabite avec d’autres, sous forme de caciquats et d’alliances, de telle sorte que plusieurs centaines de civilisations différentes vivent dans des régions souvent peu étendues. Par exemple, les Aztèques se sont installés dans la région de Mexico entre le XIIe et le XIIIe siècle, alors qu’y vivaient d’autres groupes dans une espèce de confédération de caciquats. De telle sorte que chaque production artisanale de ces groupes est très variée et différente, tous comme les coutumes et les pratiques religieuses, en même temps qu’elles se ressemblent toutes. Il n’y donc pas, comme en Europe, une succession de dynasties, mais une cohabitation successive de plusieurs dynasties souvent (presque) au même endroit.

 

L'or et les Aztèques (au moins VIe siècle-XVIe siècle, nord de la Mésoamérique) et les Mayas (-2600 – XVIe siècle, Golfe du Mexique et Caraïbes).

Les Aztèques, qui sont sans aucun doute la civilisation précolombienne la plus sophistiquée d’Amérique latine, maîtrisaient l’écriture, fabriquaient du papier, connaissaient l’astrologie et les mathématiques. Les artisans aztèques sont particulièrement doués dans la sculpture sur pierre, qu’ils utilisent dans des contextes funéraires ou religieux. Les caciques avaient des objets en or à leur effigie et à celle de leurs dieux. Un bel exemple est la statuette en or de l’empereur Tizoc ou les deux disques de 2,1 mètres de diamètre en or et en argent que Cortés a rapportés en Europe et qui furent offerts à Charles Quint.

 

Les Aztèques établirent un réseau urbain important et construisirent des temples (Templo Mayor) de grande importance qui étaient probablement ornés de pièces en or. Les contemporains des Mayas travaillaient aussi l’or en quantité et en faisaient des objets de culte.

 

Les Mayas, qui vivent simultanément, mais plus à l’est dans le bassin du Golfe du Mexique, entretenaient un large réseau commercial (Golfe du Mexique et Caraïbes) avec des cités relativement lointaines et maîtrisaient la navigation sur mer (port de Tulum). Dans leur système économique, les fèves de cacao et des clochettes cuivrées formaient l’essentiel de leur monnaie. Le cuivre, mais surtout l’or, l’argent, le jade étaient des matériaux utilisés dans les arts décoratifs. Armes, bijoux, parures, statuettes, forment l’essentiel de leur production. L’usage de l’or est intimement lié, comme dans toutes les autres civilisations amérindiennes, à leur religion et aux rites funéraires. Les artisans mayas tissent également le coton.

 

Les Incas et l'or divin (XIIIe– XVIe siècle, côte ouest de l’Amérique du Sud).

 

La civilisation inca émerge à Cuzco, au début du XIIIe siècle, et donnera naissance à l’Empire Inca qui, à son apogée, s’étendra de la Colombie au Chili, en passant par l’Equateur, le Pérou, la Bolivie et une partie de l’Argentine. L’Empire avait pour chef suprême le Sapa Inca qui était considéré comme le fils du soleil.

Même si la civilisation inca se développe tardivement dans l’Amérique du Sud et n’a eu que deux cents cinquante ans pour asseoir son pouvoir avant que Pizzaro ne vienne les assujettir, les vestiges archéologiques sont nombreux et comportent un mobilier important. Ne connaissant ni la roue ni l’écriture, les Incas avaient élaboré une culture complexe et vouaient leur culte au soleil et aux astres, mais aussi à la nature et aux objets.

Les empereurs descendants directs de Manco Capac sont appelés Sapa Inca et vénérés comme des demi-dieux. C’est donc autour de ce souverain que s’articule toute la culture inca. Les Incas érigent des temples, principalement dédiés au soleil où l’or trouve, par sa propriété coruscante, une place de toute premier choix. Les deux temples les plus célèbres son le Corincancha (enclos d’or) et le temple du Soleil de Cuzco, capitale de l’Empire. En Bolivie, les indigènes avaient été jusqu’à bâtir un temple du Soleil sur l’Isla del Sol du lac Titicaca. A Caranqui, en Équateur, un temple contenait jadis des jarres remplies d’or et d’argent. Du temple du Soleil de Cuzco, il ne reste aujourd’hui que quelques descriptions et quelques murs qui témoignent de l’étendue et de la grandeur de l’édifice. Il mesurait plus de 365 mètres de périmètre et l’intérieure abritait un disque d’or représentant le soleil (semblable à celle ci-dessous) et un jardin sacré où chaque élément de la nature était représenté par une statuette en or pur (semblable à celle ci-dessous).

Disque en or incas représentant le soleil

 

Les Incas réalisaient également des bijoux, des masques et des objets en or pur qu’ils portaient ou utilisaient lors de rituels sacrés.

Masque en or Inca

 Masque en or Inca

 

À la marge des grandes civilisations.

 

Dans les civilisations moins connues, on trouve également une production de toute première qualité. Au Costa Rica, par exemple, dans la région du Diquis, on a retrouvé d’importants ensembles de bijoux en or massif, qui ont donné lieu à la naissance d’un Musée de l’or (San José) comme on en trouve également au Pérou et en Colombie, dont les collections sont propriété de la Banque Nationale.

 

Ces objets présentent des symboliques particulières et très précises. La grenouille est un symbole de fertilité et l’aigle représente la clairvoyance et l’esprit.

Grenouille en or

Dans certaines tribus, l’or est porté au quotidien, notamment par les guerriers, sous forme de bracelets, colliers, bandeaux et boucles d’oreille.

 

 

Le fait que ce type d’objet soit massivement présent dans les nécropoles amérindiennes a donné lieux à nombre d’excavations et de pillages clandestins. Ils sont la conséquence du mythe de l’Eldorado selon lequel il existait, en Amérique du sud, un pays de l’or. Il fut l’une des motivations principales de la colonisation de l’Amérique latine.

 

Deuxième partie – Le Moyen Âge et la Renaissance

 

Le Moyen-Âge, que l’on a très souvent assimilé comme une période sombre de notre histoire, transition entre l’âge classique des anciens et l’humanisme de la Renaissance, est en réalité une époque charnière, beaucoup plus riche que ce que l’on croit, qui voit s’installer dans toute l’Europe le christianisme, et avec lui, une nouvelle forme de culte de l’or. D’autres religions, qui trouvent leur apogée entre la chute de l’Empire romain et l’avènement des cités italiennes, usent de l’or comme symbole du divin, notamment en Extrême-Orient.

 

Extrême-Orient et l'or dans les temples

 

L’Extrême-Orient présente une telle richesse de croyances que l’or a connu de multiples usages, presque exclusivement dans le cadre d’une symbolique divine, et parfois de pouvoir. La plupart du temps de culture bouddhiste, les monuments les plus marquants de la région sont le Pavillon d’Or et le Bouddha d’or.

 

Japon et or

 

Les temples japonais présentent dans leur plan de base, une salle réservée au culte (le kondo), qui est entièrement dorée et dans laquelle se trouve la statue de culte. La disposition ressemble à celle de la cella pour le monde grec. Le temple du Horyujli à Nara (Japon) est un bel exemple ; entièrement en bois, il avait été détruit par la foudre en 670 et reconstruit jusqu’en 711.

Le temple du Horyujli à Nara, Japon

Au cours du temps, plusieurs autres constructions annexes (pavillon de cloche, pavillon des textes sacrés, salle de lecture desdits textes, etc.). Le kondo de Nara prend la forme d’un pavillon, de plan carré, et repose sur une plateforme. Une double toiture vient le couvrir et fait le tour du bâtiment, de telle sorte qu’il permet la déambulation tout autour. Dès le début, il est un lieu de conservation pour la statuaire bouddhique, de telle sorte qu’on y trouve de nombreuses statues et parmi elles la très célèbre Kudara-kannon.

 

 

C’est également au Japon que se trouve le Kinkaku-ji (Temple du Pavillon d’or).

 

Temple du Pavillon d'or, le Kinkaku-ji

Cet édifice, construit vraisemblablement au XIIIe siècle, est intégralement recouvert d’or, à l’exception du rez-de-chaussée, ce qui lui a également valu son nom. Son histoire mouvementée a conduit à plusieurs destructions, notamment lors de la guerre d’Onin (XVe siècle) et seul le pavillon d’or avait survécu. En 1950, cependant, un moine a incendié le lieu et donné un sujet à l’écrivain Yukio Mischima qui en a fait son Pavillon d’or. Il a été ensuite reconstruit à l’identique en 1955 et intégralement rénové en 1987 afin de garantir la pérennité des feuilles d’or qui le recouvrent. Inscrit depuis 1994 au Patrimoine mondial de l’UNESCO, le Pavillon d’or est coiffé d’une sculpture de fenghuang, le phénix chinois, entièrement en or.

 

 

 

L'or en Indonésie

 

L’Indonésie voit, entre le Ve et le XVe siècles, la construction de nombreux lieux de culte, construits parfois même tout près l’un de l’autre. Ces monuments, qui sont tantôt voués au bouddhisme tantôt à l’hindouisme le sont aussi, dans certains lieux, aux deux cultes. Dans la plaine de Surakarta et Yogyakarta, le temple de Prambanan côtoie des monuments bouddhiques.

Le temple de Prambanan

Il est avéré que depuis le Ve siècle, les deux cultes cohabitaient en Indonésie, c’est pourquoi les historiens ont baptisé la période classique indonésienne, la période bouddhique-hindouiste. C’est de cette période que datent les charmantes figurines en or que produisaient les artisans et qui étaient vouées au culte.

 

 

 

L'or en Chine et la cité interdite

 

En Chine, à Pékin, se trouve la Cité interdite, au sein de la Cité impériale de Pékin.

La Cité interdite de Pékin

L’imposant palais recèle de décors moulurés et peints, dont plusieurs parties sont dorées à la feuille. Des motifs décoratifs dans les parois sont gravés puits peints ; chaque pavillon du complexe palatial est gardé par d’immenses lions en bronze doré qui sont encore à leur place de nos jours. Les dynastes chinois qui ont séjourné dans ce palais ont nourri une légende de richesse et de pouvoir importante, marquée par l’utilisation massive d’or dans l’ornement, le mobilier, les accessoires, les draperies et les vêtements.

 

 

La construction, commencée en 1406 et poursuivie durant quatorze ans par plus de deux cent mille ouvriers, constitue un des palais les plus majestueux du patrimoine mondial. S’étendant sur une superficie de plus de soixante-dix hectares, il fait par ailleurs partie des palais les mieux conservées de Chine, quand bien même l’intégralité de sa structure soit en bois. Aujourd’hui un musée, qu’il n’est pas abusif de comparer au Louvre, il abrite les trésors impériaux des dynasties chinoises anciennes ainsi qu’une grande partie des œuvres les plus significatives de l’art chinois : peintures, bronzes, céramiques, laques…

Le palais a abrité les dynasties Ming et Qing, dont les Empereurs ne quittaient l’enceinte de la Cité interdite qu’en de très rares occasions. La légende raconte que la cité compte 9 999 pièces, mais en réalité elle n’en comporte « que » 8 704. La symbolique de 9 999 vise à montrer à quel point les Empereurs s’approchent d’un caractère divin, qui, dans l’imaginaire collectif chinois, est représenté par le chiffre 10 000.

Constitué de plusieurs pavillons, la Cour extérieure, qui formait la partie publique du palais, regroupait notamment les pavillons de l’Harmonie Suprême, Parfaite et Préservée et des Prouesses Militaires.

 

 

La cour intérieure, qui elle formait la partie privée, était le cabinet de travail de l’empereur et les appartements de la famille impériale. Cette partie comprend aussi plusieurs pavillons, dont ceux de la Pureté Céleste, de l’Union et de la Tranquillité Terrestre.

 

 

La décoration de la cité suivait un programme iconographique complexe. On y trouvait, à l’extérieur, de grande et lourdes sculptures en bronze doré, des décorations murales à la feuille d’or, des frises de porcelaine et des moulures en terre cuite. À l’intérieur, la vie de l’Empereur se déroulait dans un faste extravagant, qui aurait fait rougir Louis XVI, où tous les objets quotidiens étaient luxueusement manufacturés, en bronze, en or, en argent, etc.

 

 

Le film, la Cité interdite, tourné en 2007, a mis en lumière la richesse stylistique dans laquelle ont vécu les dynastes chinois.

 

Thaïlande, le boudhisme et l'or

 

L’histoire du Bouddha d’or de Bangkok est sans aucun doute l’une des plus édifiantes de la culture bouddhique.

Le Bouddha d'or de Bangkok

Il s’agit de la plus grande statue en or massif au monde ; elle mesure 3 mètres de haut et pèse 5,5 tonnes. Malgré qu’elle soit travaillée dans le style Sukhothaï, les chercheurs pensent qu’elle a été produite postérieurement, probablement entre 1600 et 1750. Présentant le Bouddha dans sa posture traditionnelle, la statue avait été coffrée dans du bois, afin de la dissimuler, ce n’est qu’en procédant à une manœuvre de déplacement et en la laissant tomber que le coffrage s’est rompu et que l’on a découvert qu’elle était en or massif.

La pagode du bois de Vincennes – qui est le siège de l’Association bouddhique internationale – abrite également un grand Bouddha, le plus grand d’Europe, mesurant pas moins de neuf mètres de haut et entièrement couvert de feuilles d’or.

 

 

 

Europe

 

En Europe, durant le Moyen Âge, l’utilisation de l’or, associé à l’image divine et à l’éclat de la Jérusalem céleste, se concentre presque exclusivement dans la décoration des églises, dans le mobilier ecclésiastique et dans les objets religieux (crucifix, croix de procession, reliquaires, etc.). L’or en effet occupe une place centrale dans le culte chrétien ; il est très présent dans le Temple de Jérusalem (menora, coupes, arche d’alliance), tandis que dans le Nouveau Testament, les mages apportent de l’or à Jésus. A Jean, dans l’Apocalypse, Jésus lui apparaît entouré de sept chandelier en or. Dans l’art chrétien, les saints, les anges et même certains ecclésiastiques sont représentés avec un nimbe doré. L’or symbolise la lumière de Dieu également dans l’art de l’icône et dans les mosaïques à fond doré, comme on en trouve à Ravenne et à Palerme, mais aussi à Rome.

L’un des plus saisissants exemples est la chapelle Zénon (XIIe siècle), dans la basilique Sainte-Praxède à Rome, dont tous les murs, ainsi que le plafond voûté sont couverts de mosaïques sur fond de tesselles d’or.

Basilique Saint-Praxède, à Rome

 

Le décor représente un Christ pantocrator dans sa mandorle et porté par quatre anges.

 

 

Cette mosaïque, qui reprend le style byzantin, aurait été réalisée par des artisans grecs réfugiés à Rome au Xe siècle. La technique particulière consiste en un assemblage irrégulier des tesselles, de telle sorte que la mosaïque brille de manière beaucoup plus vivante que si les tesselles avaient été disposées de manière régulière. En plus de la mosaïques, les colonnes de réemploi sont coiffées de chapiteaux corinthiens et de consoles dorés à la feuille. Plusieurs autres exemples sont encore conservés, notamment à Rome, dans les mosaïques de l’abside des grandes églises et basiliques, telle Sainte-Marie-Majeure, par exemple.

D’autres édifices, comme les églises orthodoxes en Europe de l’est, arborent des décors dorés. L’iconographie orthodoxe est au moins aussi riche que l’iconographie catholique du Moyen-Age. Les différentes applications de l’or couvrent en effet autant les autels que les édifices eux-mêmes ou l’art des icônes.

 

 

Edifices couverts en or

L’art des icônes dorées à la feuille

D’autres usages de l’or apparaissent au Moyen-Age, surtout dans l’art de la miniature et de l’enluminure, où les dorures à la feuille sont monnaie courante.

 

l’art de la miniature et de l’enluminure orné d'or

Si le Moyen Age accorde à la religion une place centrale dans la vie de tous les jours, l’or continue également à servir l’image du pouvoir, comme on peut le voir dans les attributs (crosses, cassettes, etc.) des rois, des empereurs et des papes.

 

 

C’est également durant le Moyen Age que trois nouvelles utilisations de l’or sont attestées.

La robe d’or de la Reine Marguerite du Danemark est un pur chef d’œuvre de la confection médiévale ; cousue et brodée de fil d’or elle est si dense qu’elle semble, à première vue, intégralement en or.

 

Ce vêtement ouvre la voie à de nouvelles utilisations de l’or dans la couture et inaugure une longue tradition de Costumes de Cour comme on en trouvera aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles.

L’invention de la peinture sur toile, à Venise, pour parer à l’humidité des murs, va créer un nouveau métier, celui d’encadreur. Ici encore, c’est le début d’une longue histoire de l’encadrement. Dès le début dorés à l’or fin, les cadres ont connu une évolution marquée à travers l’histoire et sont un des champs d’application le plus répandu de la technique de la feuille d’or.

Encadrement en or

Cette création artisanale est encore pratiquée aujourd’hui et certains restaurateurs d’art se spécialisent dans la restauration des cadres anciens, comme ceux que l’on peut voir autour des œuvres des plus grands maîtres de la Renaissance et du Classicisme.

Une troisième application, culinaire cette fois-ci, est attestée dans les Chroniques milanaises. Bernardino Corio décrit le repas de noces de Violante Visconsi et Lionel Plantagenêt, en 1368, lorsque les hôtes (dont Pétrarque) se virent servir des animaux entièrement revêtus d’une feuille d’or pur. L’or, qui avait probablement déjà été consommé dans l’Antiquité, devient une marque de fabrique de la cuisine des Cours européennes, surtout en Italie.

 

Troisième partie – Le classicisme et la modernité

 

Après la Renaissance et l’avènement des grandes cités italiennes, le classicisme verra s’imposer dans toute l’Europe l’esthétique française, dictée par les arts, les lettres et la mode que le Roi de France adoube à Versailles. Petit à petit, on glissera d’un art encore imprégné de religion et de symbolique à une esthétique florissante, le baroque, où l’ornement, et plus particulièrement l’ornement doré, trouvera une place de tout premier choix, comme en témoignent les fastes encore admirables de nos jours aux châteaux de Versailles et de Sans-Souci (Berlin).

 

France

 

En Europe, pendant le XVIIe et le XVIIIe siècles, c’est le Roi de France et sa Cour qui font et défont les esthétiques à la mode. Au centre du monde d’alors, c’est-à-dire au Louvre, Palais-Royal avant Versailles, que s’ouvrent des boutiques qui vendent des étoffes, des bijoux et autres parements importés d’Asie ou réalisés par les maîtres artisans parisiens. Les aristocrates y découvrent des soieries indiennes, des porcelaines chinoises, des mobiliers japonais, qu’ils importent en masse pour décorer leurs habitats. L’or est partout présent, sous forme de monnaie bien sûr, mais aussi dans son application décorative.

Toutes les chambres de Versailles, dont la construction débute au sortir de la Renaissance, en 1623, comme les salons, la Galerie des Glaces et les grilles du parc comportent des éléments en or. La grille de l’accès principal, autrefois en or massif et pillée et fondue par les Révolutionnaires de 1798, a été récemment restaurée et plaquée or afin de rendre au château son aspect d’antan. La Galerie des Glaces compte des miroirs majestueux réalisés selon la nouvelle technique de verrerie découverte au début du XVIIe siècle, qui consistait à couler du verre dans des moules plats et à démouler à froid, est richement décorée, des parois au plafond, en passant par les lustres et les sculptures.

La Galerie des Glaces, dorure à la feuille

Toute la décoration du château est centrée sur l’or, qui est à la fois symbole de puissance et de l’incarnation divine du Roi de France, puisqu’il est alors considéré comme le représentant de Dieu sur terre.

La chambre de la reine illustre mieux encore ce goût de l’or et du baroque, puisque les tentures, les boiseries, les parois, les moulures, le lit lui-même sont considérablement couverts de décors dorés à la feuille.

 

L’importance de ce décor est capitale car il faut se souvenir que la Cour pouvait assister, dans une mise en scène très théâtrale, à la vie de tous les jours des souverains (Coucher et Lever du Roi, par exemple), ce qui explique notamment la balustrade en or qui sépare l’espace du public de celui de la « représentation ».

Dans cette verve du décor, où l’on se perd assez facilement, il faut noter une invention curieuse qui résume la vaste tradition à la fois du portrait et des usages funéraires de l’or. Bernard Perrot, grâce au procédé de coulage utilisé pour les miroirs de la Galerie des Glaces, a développé une nouvelle esthétique du médaillon. Il réalise, en effet, des bustes de profil et légèrement en relief de personnalités de son époque, qu’il fige entre deux couches de verre.

Bustes de profil doré

Il allie ainsi la tradition du portrait d’empereur frappé sur les monnaies (image du pouvoir) à celle du défunt dont on couvre le visage d’un masque d’or (image du divin). Cette synthèse correspond très bien à l’époque et montre à quel point on cherche à réaliser des œuvres, même mineures, avec des matériaux comme l’or, l’argent et les bois nobles.

L’avènement durant cette période des monarchies n’est pas étrangère à cette course de l’ornement. Chaque royaume voulant se distinguer des autres par ses richesses et ses symboles de pouvoir, il s’instaure une concurrence qui ne connaît presque pas de limites dans le gigantisme des machinations mises en place afin de se montrer plus grand, plus fort et plus riche que son voisin. Il n’est pas inintéressant de noter que cette course à causé la perte de nombreuses pièces d’art en or massif ramenés en Espagne par les conquistadors car les rois n’hésitèrent pas à fondre ces œuvres pour en récupérer le noble matériau.

Le mobilier trouvera dans cette lutte de pouvoirs un espace d’expression particulièrement propice à son développement ; les mobiliers de style classique et baroque sont sans aucun doute les réalisations les plus extravagantes qui soient. En témoigne notamment le trône vénitien conservé aujourd’hui à Versailles.

 

Le trône vénitien, Versailles

En plus du mobilier, les vêtements nobles connaîtrons un essor stylistique important, avec des coutures en fil d’argent et d’or, des incrustations de pierres précieuses, etc. qui font des vêtements de fonction des grandes personnalités une pièce lourde, inconfortable et rigide à porter. L’habit du Roi de Suède est un très bel exemple de l’usage décoratif des fils et des pierres précieuses dans la confection de son costume.

 

 

Dans l’iconographie des Rois de France, on constate, si l’on observe les portraits officiels de leur sacre, que, de Louis XVI à Charles X, tous se montrent sous des costumes très étudiés et remplis de codes et se parent d’attributs (couronnes, crosse, etc.) richement ornés d’or et de pierres précieuses .

 

On comprend bien, dès lors, le soin qu’il est mis pour que les costumes de Cour traduisent au plus près la situation du pouvoir des monarques.

Pour les artisans français, les XVIIe et XVIIIe siècles sont synonymes de grandes avancées techniques et esthétiques. L’orfèvrerie comme l’horlogerie trouveront en effet dans une période faste un écrin parfait pour leur développement.

 

 

L’orfèvrerie et l'horlogerie

L’orfèvrerie et l'horlogerie

La tradition de l’un comme de l’autre est perpétuée aujourd’hui par des marques ancestrales comme par de nouvelles manufactures qui reprennent des modèles anciens pour les remettre au goût du jour. Mais la période florissante touche tous les arts décoratifs en général .

l'art décoratif en or

 

Décoration d'intérieur et or

C’est aussi le goût de l’exotisme et plus particulièrement la curiosité orientale des Cours européennes qui a poussé les collectionneurs et les aristocrates à acquérir du mobilier, des bijoux et des œuvres d’art venant d’Extrême-Orient, comme, par exemple, les laques du Japon. Et dans cette quête aussi, l’or devait trouver une place centrale.

 

Japon et la laque

 

Les laques du Japon, dont on commence la production pour l’exportation vers l’Europe dès la Renaissance, trouvent dans le classicisme européen un retentissant succès. Certaines Cours en constituent même d’importantes collections entre le XVIIe et le XIXe siècle. L’impact de la technique des laques du Japon dans les arts décoratifs est considérable et répond à un goût assez prononcé de l’époque à la fois pour l’esthétique baroque et pour l’Orient, que la littérature de voyage a également su relayer avec finesse.

Il est d’ailleurs curieux de constater que la plupart des sujets utilisés par les artisans pour décorer les objets réalisés dans cette technique reprennent des scènes de la littérature japonaise. La technique de la laque du Japon requiert beaucoup de temps, de patience et de dextérité. En règle générale appliquée sur du bois de pin ou de cyprès, la laque se décline sur plusieurs couches, sur lesquelles, selon les variantes de la technique, on procédera à l’élaboration des décors. Deux techniques se distinguent l’une de l’autre par leur procédé : la technique makie consiste à saupoudrer ou appliquer de la poussières d’or, d’argent ou de pierres précieuses la laque avant qu’elle ne sèche, afin de créer ainsi des motifs incrustés ; le guri est une technique qui consiste à réaliser plusieurs couches de laques pigmentées différemment (poudre d’or, pigments, argent, etc.) et à graver ensuite plus ou moins profondément dans la laque sèche pour retrouver les couleurs que l’on a glissé dans les couches. C’est cependant la première de ces techniques qui est la plus répandue. L’or est également l’élément le plus utilisé dans la décoration des objets en laque.

Le coffre de Mazarin est un exemple extraordinaire de cette technique, tant par ses dimensions que par la richesse de son décor.

 

 

Créé à Kyoto dans le but d’être exporté vers l’Europe, il a été acheté par un important collectionneur avant que le Victoria and Albert Museum de Londres ne l’acquiert en 1882. Le nom du coffre est dû aux armoiries qui figurent sur la clef du coffre, qui indique qu’il a appartenu à un membre de cette famille française.

Un autre bel exemple de laque est le coffre que commande le gouverneur général des Indes néerlandaises de l’est, Anton van Diemen, et qui est réalisé par les artisans les plus réputés. Ce coffre présente sur son couvercle une importante scène du Conte de Genji, l’une des œuvres phares de la littérature japonaise.

 

 

Les pièces les plus représentatives de la tradition des laques du Japon sont cependant celles qui n’ont pas été réalisées sur commande, comme ce nécessaire richement orné selon l’imaginaire japonais et dont on retrouve une pièce semblable dans les collections de Marie-Antoinette.

 

On trouve également du mobilier domestique réalisé selon ces techniques, comme, par exemple, des paravents .

 

Ces derniers sont généralement composés de quatre ou six panneaux en bois massifs, décorés, et reliés entre eux par des charnières. L’exemple de ce paravent, réalisé selon la technique maki, est particulièrement parlant car il illustre la double fonction de ce meuble, à la fois celui de préserver contre les courants d’airs et d’assurer un espace intime et celui d’objet décoratif. Dès lors, la décoration devient un élément important du mobilier noble des siècles classiques. On y trouve des batailles historiques, des cartes, la représentation des saisons, des paysages, des illustrations littéraires, etc.

Le succès des laques du Japon est tel qu’il se poursuit encore jusqu’au XXe siècle, mais c’est durant le siècle de Lumières que ces objets trouvent le plus de grâce aux yeux des Européens. En plus d’objets décoratifs ou utilitaires de tailles variées, la technique de la laque s’applique également au mobilier ; secrétaires, armoires, paravents et autres éléments forment tout un catalogue d’application de la technique.

Le XVIIIe siècle verra même naître en Angleterre une autre manufacture de coffres, non plus laqués comme le pratiquent les Japonais, mais ornés de bas reliefs en or massif. Reprenant des épisodes légendaires ou historique de l’histoire ancienne, ils réactualisent des paramètres anciens dans un monde qui se trouve une nouvelle identité. On trouve ainsi des coffres au couvercle richement sculpté, représentant le mariage d’Alexandre et Roxane ou Orphée et Eurydice.

 

 

Conclusion – Aujourd’hui avec DeLafée International

 

Du XXe siècle à aujourd’hui, l’or a trouvé, dans l’art, dans la mode, dans la gastronomie, dans l’architecture comme dans la société, une place de choix. Porteur d’une vaste tradition culturelle et économique, il jouit de nos jours d’un statut tel qu’il constitue l’une des meilleurs valeurs-refuge, mais aussi un des matériaux les plus noble pour les ouvrages d’art.

 

 

L’or et le vêtement

 

Le lien qui unit l’or au vêtement remonte à la tradition des costumes de Cour qui se met en place dès la fin du Moyen-Âge, comme nous l’avons vu, avec la robe de la Reine Marguerite du Danemark. Les Costumes de Cours ont perpétué la tradition des habits en or et l’on retrouve, dans un usage religieux, en Inde l’habitude de se vêtir d’or. Ainsi le sari traditionnel hindou peut être brodé de motifs ou simplement tissé avec des fils d’ors ou d’argent, ces fils appelés jari sont souvent utilisés pour les saris de mariage.

 

DeLafée International innove en créant les tatouages éphémères en or, qui complètent une tradition de la parure vestimentaire ou joaillière d’or par l’application sur soi du précieux métal.

tatouage en or 24 Carats delafee

Tatouage en or 24 Carats

 

L’or se mérite

 

En dehors d’une symbolique de pouvoir politique ou de tout lien religieux, l’or est aujourd’hui aussi symbole de mérite. Dans notre société contemporaine, et depuis la fin du XIXe siècle, l’or a trouvé un emploi symbolique dans les récompenses, essentiellement sportives. De telle sorte que la coupe du monde de football est en or massif, tout comme le ballon d’or qui est distribué chaque saison au meilleur jour de l’année.

 

 

Le ballon d’or

Les médailles des compétitions, olympiques ou autres, montrent mieux encore une hiérarchisation des métaux, puisque l’or, l’argent et le bronze sont utilisés pour distinguer, respectivement, la première, la deuxième et la troisième place.

Les médailles des compétitions olympiques

Posséder de l’or, ce n’est donc pas seulement un signe de richesse et de pouvoir, mais, comme ce l’était déjà au Moyen Age, un signe de mérite et de dignité.

 

L’or se mange

 

Connu pour ses vertus médicales – on en vend même des capsules –, l’or est également comestible.

 

Il a par ailleurs trouvé dans l’histoire un usage fréquent, mais souvent discret, dans les milieux aisés. Probablement consommé dès l’Antiquité, il est cependant attesté seulement au XIVe siècle, dans les Chroniques milanaises de Bernardino Corio, le lecteur s’étonnera de la description qu’il fait du repas des noces de Violante Visconsi et Lionel Plantagenêt (1368), où les illustres convives (parmi lesquelles Pétrarque) se sont vues servir de nombreuses pièces de gibier revêtues d’une feuille d’or pur. L’aspect jaunâtre du safran a par ailleurs été utilise pour donner à la peinture – puis, plus tard aux aliments – un aspect proche de celui l’or. Ce serait ainsi que naît, notamment, le risotto au safran cher aux Milanais. Le cuisinier italien Gualtiero Marchesi exploite d’ailleurs cette légende en proposant son risotto au safran avec une feuille d’or alimentaire.

 

Dans ce domaine aussi, DeLafée International poursuit et renouvelle cette tradition en proposant de l’or comestible adapté aux besoins culinaires et esthétiques d’aujourd’hui. Glaçon à l’or, mousseux aux paillettes d’or, sucette à la fraise et à l’or, chocolats et même cigares dorés à l’or fin perpétuent une tradition du culte de l’or qui a marqué toutes les civilisations, depuis la nuit des temps.

glaçon avec or

Glaçon à l'or

sucette à la fraise et à l’or

Sucette à l'or, arome fraise

chocolats à l'or

Chocolats à l'or

Cigare en or

Cigare couvert d'or

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